Chers amis voyageurs, fidèles à nos Secret Retreats,
Depuis Janvier, d’abord en Chine, en Corée puis partout en Europe et dans le monde, notre vie a changé. Un virus invisible et insidieux a mis le monde à l’arrêt et change notre mode de vie.
Tout d’abord, une pensée à tous ceux qui ont été affectés directement ou à leur proche par cette maladie. Ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui est intimidant, mais les moments de triomphe dans les actes quotidiens de courage, d’humanité et d’amour que nous observons partout représentent un espoir que, face à un danger, l’humanité sait se ressaisir, s’adapter et travailler de concert. Certes, chacun aura sa grille de lecture et essaiera d’imposer le filtre de sa pensée pour tirer quelque profit de cette période, mais le fait est que nous devons sans doute repenser notre façon de voyager et d’échanger dans le monde.
Après plus d’un mois d’arrêt, sont entrés dans nos vies des sentiments mitigés : la peur, l’incertitude, la tristesse, mais en même temps, certaines valeurs que nous avions peut-être oubliées ou négligées nous reviennent. Trois ressortent particulièrement :
- celle du temps dont le ralentissement effraie d’abord, puis permet d’apprécier d’avantage chaque instant ;
- celle de la proximité, de sa famille, des êtres chers, de produits de première nécessité ;
- celle de la liberté, de bouger bien sûr, mais aussi de choisir, d’engager sa responsabilité dans toute action.
Depuis que le temps n’est plus solaire, et s’est uniformisé à travers le monde pour le diviser en 24 fuseaux horaires en 1884, le temps n’a cessé de s’accélérer. Nous vivons dans une course effrénée, dont l’accélération empêche tout recul : les trains vont plus vite, les avions vont plus loin sans escale, l’information est continue, internet accélère son débit en 3G 4G 5G, et on ne voit plus le temps passer. Cet arrêt de la course qui nous est imposé depuis un mois, est le moment de faire une pause, et de réfléchir à la signification de cette course. A-t-elle un sens ? autre que nous en rendre esclave ? Déjà avant cette crise, des mouvements SLOW LIFE et SLOW FOOD se développaient, dont certains membres de Secret Retreats ont anticipé les bienfaits – des visionnaires ? oui, certainement. Se réapproprier le temps, ne serait-ce que pendant quelques semaines lors de vacances ou de retraites est un luxe immatériel qui permet à chacun de se régénérer. C’est exactement ce que l’on peut observer partout sur Terre en ce moment, où l’activité incessante de l’homme laisse place à la nature qui reprend ses droits. Nous avons tous vu ces dernières semaines ces images inouïes d’animaux visitant les villes, de montagnes dégagées de toute chape de pollution, de mer reprenant des couleurs bleues ou vertes. La nature reprend l’espace que l’homme lui a emprunté. Cela devrait nous conduire, comme le Bhutan l’a déjà fait, à réfléchir à un tourisme de qualité et non de volume.
Nous pouvons aussi tous profiter de ce temps lent qui nous est donné pour renouer avec des amis, prendre du temps avec la famille, par téléphone ou skype et se voir à distance. Prendre enfin le temps de donner ce coup de fil qu’on reportait depuis des semaines, des mois voire des années. De se rendre compte aussi du travail souvent négligé mais pourtant au combien nécessaire de ceux qui cultivent la terre, juste à côté de chez nous. De l’importance vitale de cette proximité. Ici aussi, des valeurs que nombre de Secret Retreats respectent, en favorisant les circuits courts, les produits locaux, souvent de la ferme à la table, et pratiquent naturellement depuis des années.
Enfin, nous nous rendons tous compte aussi de la valeur de cette liberté de bouger, qui nous est aujourd’hui retirée. De ce droit d’aller et venir, mais qui ne devra plus dorénavant nous absoudre du devoir et de la responsabilité des choix que nous faisons. Je veux dire par-là qu’il est essentiel aujourd’hui de prendre conscience que nous ne devons pas rester des consommateurs passifs qui cachent cette liberté réelle de faire ses propres choix, mais de devenir des acteurs responsables de nos choix. Toute publicité n’est pas à « gober » sans réfléchir. Cessons de croire que tel soda (je ne citerai pas de marque) peut rendre heureux comme dans la pub… quand en fait il rend obèse. Que telle marque de café vous donne l’air cool et accompli, quand derrière se cache une exploitation de producteurs et des scandales environnementaux? ou encore que telle pâte à tartiner pour un goûter soit responsable de déforestation… Réfléchissons à ce qui se cache derrière ces marques ou ces produits ? leur impact sur le monde, la nature ou certaines populations ? En toute conscience.
Il en est de même dans le voyage : les grandes plateformes de réservations en ligne , les grandes chaines d’hôtels ou les gros hôtels de plusieurs centaines de chambres défigurent aussi l’environnement naturel, transforment les cultures autochtones, rapatrient les dollars du tourisme depuis la destination, vers les centres financiers mondiaux ou offshore, au lieu de les investir sur place pour soutenir un développement durable et responsable. Nous sommes donc tous responsables de nos choix et des conséquences qu’ils engendrent.
Quand nous serons autorisés à voyager de nouveau, posons-nous alors les bonnes questions :
- combien de chambres et de personnes dans l’hôtel ?
- est-il calme, aéré, spacieux et loin des foules ?
- est-il en harmonie avec les communautés locales ?
- d’où proviennent les produits que l’on retrouve sur nos tables ?
- puis-je discuter avec un concierge ou un responsable de l’hôtel pour m’assurer de faire le bon choix ?
- puis-je m’assurer que les dollars que je paie pour mes vacances vont profiter localement et soutenir une économie locale et vertueuse ?
- vais-je prendre le temps de mieux préparer ces vacances et en devenir un acteur et non juste un spectateur. C’est l’anticipation de la préparation qui émet cette endorphine qui permet de se sentir bien, avant même le départ.
Voilà comment nous devrions voyager, en sélectionnant de manière responsable des opérateurs également engagés dans le développement durable et responsable. Il serait long de dresser une liste, mais avec les membres de Secret Retreats cela fait des années que nous travaillons à choisir des maisons qui respectent cet esprit, s’engagent à protéger leur environnement et leurs communautés :
Misool en Indonésie :
Le resort injecte ses profits dans une fondation basée à Raja Ampat, en Indonésie, dont la mission est de protéger les récifs les plus riches en biodiversité sur Terre à travers la responsabilisation des communautés locales, en fournissant une structure grâce à laquelle elles sont en mesure de protéger et réhabiliter des récifs coralliens. Le tourisme durable et une meilleure éducation des enfants offrent une vie meilleure aux nouvelles générations que l’exploitation forestière, l’exploitation minière ou la surpêche.
Inle Heritage en Birmanie :
La Fondation Inle Heritage comprend une école professionnelle de tourisme, une école privée pour les petits, un jardin bio, un effort de préservation de certaines espèces endémiques de poissons et chats, la gestion des déchets et des eaux usées. Toute les initiatives d’Inle Heritage sont actuellement soutenues à 100% par les revenus commerciaux dérivés de l’exploitation d’un hôtel et ses activités annexes avec le but d’enseigner à la prochaine génération comment vivre de manière durable et dans le respect du patrimoine tout en le faisant découvrir aux autres.
Tiger Mountain Pokhara Lodge au Népal :
Opérant en moyenne altitude au cœur du Népal, où la zone environnante est soumise à des pressions diverses, le lodge s’engage à protéger et à améliorer l’environnement naturel, les personnes et les communautés, à minimiser tout impact environnemental négatif par la réduction de la consommation de carburant, d’eau, la production de déchets et en minimisant l’utilisation de produits chimiques, à se fondre dans le paysage, à respecter la biodiversité naturelle de la région. Cela signifie produire sur place ou acheter à l’intérieur du village à un prix équitable ; recruter et former à l’emploi la communauté immédiate et améliorer leur compréhension du tourisme responsable, de la gestion des déchets, de l’eau et de soutenir les écoles locales, y compris le salaire d’un enseignant et de fournir du matériel pédagogique, des livres, du papier …
Muang la Lodge au Laos :
Ouvrir un lodge «au milieu de nulle part» n’est pas un choix anodin et implique une intégration au village, à son environnement et sa population. Sans symbiose, point de développement durable et réciproque : création d’emploi, autosuffisance, développement de la qualité, sensibilisation à la protection de l’environnement, à la gestion des ressources et des déchets, préservation du patrimoine. La responsabilité d’un petit hôtel va bien au-delà de celle d’accueillir un client dans le confort. C’est aussi un lieu d’échange et d’interconnexion entre les cultures.
Vous pouvez retrouver les initiatives de tous les membres sur ces pages www.secret-retreats.com/en/we-care, nourrissant des graines d’espoir pour une meilleure façon de voyager.
La crise actuelle fait ressortir que ce n’est pas seulement l’homme qui est malade de ce virus, mais la planète d’un manque de soin, d’attention. Et nous tous, ensemble, en agissant avec réflexion, en nous posant les bonnes questions et en adaptant nos modes de vies nous pouvons contribuer à une solution et guérir la planète et donc nous-mêmes. La culture du voyage et la passion de voir de nouveaux endroits prévaudront, alors continuons à rêver, avec lucidité. Portez-vous bien et gardez espoir, comme le disait Winston Churchill : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité ; un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ».
Alors restons optimistes !
Comme toujours les Secret Retreats seront heureux de vous accueillir de nouveau dans nos maisons, avec cette même sincérité et cette responsabilité réciproque qui désormais nous revient à tous de voyager intelligemment avec respect, responsable de ses choix et de partager avec nos communautés.
Stéphane Junca
Directeur Général – Secret Retreats
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